.... L'opera di Tagliazucchi non si può circoscrivere. Non si può definire. Al più è per merito di un insieme di contrasti e del ricorrere di forze che quasi si oppongono, che si può tentare di avvicinarla... Rifiutando un'arte dell'assurdo e del non senso, si può anche affermare che Tagliazucchi si avvicina ad un certo classicismo. Sfugge però alla volontà dì diffondere un concetto semplicemente " estetico " dell'arte e cerca di raggiungere un livello espressivo meno immediato. In ogni modo l'arte di Tagliazucchi non si può definire dal semplice punto di vista intellettuale ma richiede, per essere scoperta in tutta la sua ricchezza, un totale investimento cerebrale e sensibile.
B. Boustany direttrice del Museo di St.Maur Traduzione di Aldo Fetonte direttore della rivista " Mondo Mediterraneo "
L'œuvre de Tagliazucchi ne se cerne pas. Elle ne se définit pas. Au mieux, est-ce par un ensemble de contrastes et le recours à des forces et techniques qui s'opposent que l'on peut tenter d'approcher sa sculpture. C'est d'abord le jeu subtil qui s'élabore entre un parti pris de pureté, de simplicité, et une volonté ferme de rompre avec un traitement trop académique et "harmonieux" de la matière qui frappe l'œil et éveille l'intérêt. La pureté essentielle du style de Tagliazucchi tient aux formes dépouillées qu'il emploie autant qu'à l'extrême soin qu'il apporte au traitement du marbre, son matériau de prédilection, souvent choisi blanc et faisant l'objet d'un grand travail de ponçage qui le rend parfaitement lisse et translucide sous l'effet de la lumière. Lisse au toucher, neutre dans ses couleurs et ramassée de forme, cette sculpture ne reste pas pour autant muette et insignifiante. Pas de monotonie, pas de silence de la matière. Tagliazucchi, en restant discret et sobre, sait faire parler la pierre et la mettre en mouvement, ne limitant pas l'œuvre à elle-même mais en l'intégrant toujours dans son environnement. "Le jeu d'enfant" et "La Ménestrel" ne prennent-ils pas tout leur sens dans l'espace dans lequel ils s'épanouissent ? L'harmonie linéaire de ses œuvres est toujours vivifiée, animée, dynamisée par une cassure formant un angle - "La maternité" - une échancrure ou un coup de burin - "Le signe grec", "Le joueur de rugby" -qui rompent le silence de conceptions très uniformes. Chez Tagliazucchi, la souplesse n'aboutit pas à l'informe et la sérénité de sa sculpture n'est jamais signe de fade béatitude. Au contraire, en dépit de son rapport tout en finesse avec la matière, il sait lui donner vie et mouvement intenses. Il connaît aussi les secrets pour réaliser une sculpture puissamment sexuelle qui, pour être douce et tranquille, n'en est pas moins animée d'un rythme profond et marqué - "La danseuse". Les contrastes dans l'ensemble de cette oeuvre reflètent un univers intérieur en pleine effervescence et un désir farouche de communication. Sans être vraiment figurative, sa sculpture n'est pas non plus purement abstraite. En refusant un art de l'absurde et du non-sens, il est même impossible de dire que Tagliazucchi est dans la lignée d'un certain classicisme. Il échappe pourtant à la volonté de diffuser une conception simplement "esthétique" de l'art et essaye d'atteindre un niveau de signification moins immédiat. Il dit lui-même qu'il lui importe peu d'imposer un message précis ou de démontrer ses propres vérités, dans la mesure où il provoque son public en suscitant une mise en question des valeurs établies. En somme, l'art de Tagliazucchi ne peut se définir d'un simple point de vue intellectuel mais requiert, pour être perçu dans toute sa richesse, un investissement total, tant cérébral que sensible.
Bernadette BOUSTANY, Conservateur du Musée de Saint-Maur